Clémence, votre médaille d’honneur, votre César, votre Palme…

Un petit commerçant voulait vendre Clémence, un bijou unique, en lui offrant une histoire sans pareil. Un storytelling singulier lui a été proposé.


« Il n’est plus là.
Il nous a quitté cette nuit… »

Florence avait parlé mais Clémence n’entendait pas.
Elle se tenait là, devant cette chambre soudainement vide, tout le matériel de soin encore entre ses mains qui se crispaient lentement sur les serviettes de toilette, comme pour mieux toucher la réalité de la disparition de son patient.

« Clémence, je suis désolée mais il faut qu’on enchaîne, tu le sais… »

Elle le savait.
De moins en moins de moyens, de plus en plus de patients, de plus en plus d’insatisfaction de tous bords, la vie du personnel accompagnant et soignant c’était surtout beaucoup de râlerie, beaucoup d’émotions avec les plus faibles, un peu de joie quand on arrivait à travailler du côté de la maternité mais c’était plus rare.

Elle inspira un bon coup et se remit en route.
Madame Bergstein attendait aussi ses soins.
Elle allait parler avec fierté de ses petits enfants, puis avec tristesse et nostalgie de ses enfants qui ne venaient pas si souvent la voir.
Toilette, repas, un peu de chaleur humaine et il faudrait passer à la suivante.

La matinée défila à son habituel rythme infernal.
Un semblant de pause déjeuner et il fallait reprendre.

« Clémence, vous avez une minute ? »

Thierry, le chef de service en personne, était là, dans l’encadrement de la porte.
Avait-elle oublié un patient ?
Avait-elle commis une erreur avec la fatigue ?

« Ne vous inquiétez pas, tout va bien, ce sont justes les filles de Monsieur Daniels qui voudraient vous dire un mot. »

Elle le suivi jusqu’à une petite salle de repos où il les avaient installées.
Les deux dames la saluèrent d’un sourire chaleureux.

« Bonjour Clémence, pardon de vous déranger dans votre travail mais nous voulions vous montrer quelque chose, c’était une volonté de notre papa. »

Elle lui tendit un écrin de velours dans lequel reposait un collier fin, avec un pendentif alliant stéthoscope et cœur, maintenu au tour du cou par un petit cœur rouge sang.

« Pardon, c’est magnifique mais j’avoue ne pas comprendre en quoi cela me concerne exactement ? » répondit-elle en tendant l’écrin aux deux sœurs.

Elles eurent un petit mouvement de recul, signifiant de la main qu’elle devait le garder.

« Cela vous concerne pleinement en fait.
Notre père a longtemps travaillé auprès d’un joaillier et ceci est son remerciement pour vos bons soins.

Il avait adressé à son ancien associé un croquis de ce bijou et une note.
Celle-ci disait : voilà Clémence, un bijou que je veux que tu crées pour toutes les infirmières, pour toutes les aides-soignantes, pour toutes ces femmes qui mettent du cœur jusque dans le nôtre.
Je le veux dans des matières resplendissantes comme leur sourire, avec une pièce taillée minutieusement à l’image de leur travail, avec un petit cœur qui, en se logeant dans le plus grand, maintient tendrement tout cela en place, à l’image de notre vie qu’elles tiennent si bien entre leurs mains, chaque jour. »

Elles sourirent de nouveau.

« Ce bijou, il l’a fait pour vous et pour toutes les autres femmes à votre image.
Portez-le fièrement, il est votre médaille d’honneur, votre César, votre Palme. »

Laisser un commentaire