Quand on veut on peut ? Le mythe du pourquoi.

Après la lettre magique, Christiane Agricola m’a demandé d’écrire sur le mythe du “pourquoi”…


Maurice sursauta dans son bocal, tandis qu’un bruit étrange venait de résonner dans l’appartement.
Que se passait-il donc ?
Il tourna encore et encore pour finalement trouver où regarder.

Dans le petit salon qui lui faisait face, Marie tenait Laura dans ses bras.
Elle pleurait beaucoup, Laura, à chaudes larmes.

« Pourquoi ?! » s’écria-t-elle soudain.

Marie sembla vouloir l’apaiser sans y parvenir.

« Tu sais ce qu’on dit, Marie, on dit que quand on veut on peut.
On dit que quand on sait pourquoi, on sait comment on y va.
Et bien moi je sais pourquoi et pourtant je ne vais nul part si ce n’est au fond du trou !!! »

Elle se laissa tomber sur le canapé.
Et Maurice se mit à réfléchir.

Pourquoi…
Savoir le pourquoi ne signifiait pas savoir comment, c’était une fausse idée.

Lui, par exemple, estimait que son rôle, c’était d’aider Marie, d’être là pour elle mais s’il s’était écouté quand elle l’avait adopté, il aurait tenté encore et encore de sortir de son bocal et devenir humain alors que c’était impossible.
Cela ne voulait pas dire pour autant qu’il ne pouvait pas aider Marie ou qu’il n’essayait pas assez.

Marie fit du thé et en servit deux tasses.
Au passage, elle fit tomber quelques flocons de nourriture dans le bocal de Maurice.

« Je sais bien, elle va comprendre, tu verras » lui dit-elle en souriant.

Elle s’installa face à Laura, pris une gorgée de thé et lui demanda calmement.

« C’est quoi, ton pourquoi ?
Qu’est-ce que tu veux vraiment faire ?

– Je voulais quitter mon boulot actuel pour faire un vrai truc, ouvrir une école spécialisée pour les enfants atypiques avec une pédagogie alternative, genre Montessori.

– Tu voulais ? Finalement tu ne veux plus ?

– Bien sûr que je le veux encore mais c’est impossible.

– Et pourquoi ça serait impossible ?

– Parce que ça fait 2 ans que j’essaie et que ça n’avance pas d’un pouce.
Si j’avais les capacités et si je le voulais vraiment, ça aurait bougé, tu crois pas ?

– Non, je ne crois pas.

– Donc toi aussi tu admets que je ne suis pas faite pour ça et que depuis le départ je fonce dans un mur et que je sais pas quoi faire de ma vie.

– Non, je ne crois pas que ce soit un manque de capacité ou de volonté, je crois que c’est un manque
de moyens.

– Quoi ?

– Tu dis que tu veux aider ton prochain, tu as une idée précise de ce que tu veux faire mais est-ce que, pour autant, tu es banquière, cheffe de projet, juriste, enseignante, dirigeante, responsable sanitaire, infirmière, architecte…. j’arrête là, la liste est longue mais tu vois ce que je veux dire

– Je ne suis pas sûre de te suivre.

– Tu sais pourquoi, Laura.
Tu sais ce que tu veux et tu sais où tu vas.
Ce que tu ne sais pas encore c’est comment.
Et la seule chose sur laquelle tu te plantes c’est si tu crois vraiment que vouloir, suffit.
Tu sais, ces phrases toutes faites sont souvent fausses.
Regarde : la curiosité est un vilain défaut ; non, la curiosité c’est le moteur du mimétisme, c’est ce qui rend un bébé capable d’apprendre la vie, ça n’est un défaut que si on l’utilise volontairement à mauvais escient.
La volonté c’est pareil. Quand on veut, on peut si on se donne les moyens.
Et ça se fait rarement tout seul

– Je fais quoi moi alors ?

– Et si tu voyais ma coach ?

– Ta coach ?

– Ouais, si tu veux lancer un projet comme ça, va falloir te débarrasser de ces idées reçues, pouvoir pleinement croire en toi, adopter une bonne discipline de vie.
Il va falloir désapprendre tout ce que tu as pu entendre ou lire de faux sur le sens à donner à la vie et la façon d’y parvenir.
En plus, ça t’évitera le syndrome de l’imposteur vers lequel tu te dirigeais clairement !

– C’est quoi ?

– La sensation que tu es une imposture dans ton boulot parce que tu n’atteins pas les objectifs que tu te donnes.
Cette idée de « quand on veut, on peut », c’est quand même une bonne façon de tomber dans ce travers.

– Bon, ok, tu as sa carte à ta coach ?

– Ouais, et son site internet : Christiane Agricola
Comme ça tu n’as plus d’excuses !

– Merci, Marie ! »

Elles avaient fini de prendre le thé et Laura était repartie, bien plus sereine qu’auparavant.
Marie repassa devant le bocal de Maurice.

« Encore une bonne action ! On verra à quoi ressemblera cette école un jour, j’ai hâte d’y être ! Et toi Maurice ?
Haut les cœurs, ce ne sera sans doute pas la dernière à venir nous demander conseil ! »

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